Mars 09 03

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Depuis mars 2007, les quatre universités bordelaises (Bordeaux I université des sciences et technologies, Bordeaux II Victor-Segalen, Bordeaux III Michel-de-Montaigne et Bordeaux IV université Montesquieu), trois écoles d'ingénieurs (École nationale d'ingénieurs des travaux agricoles de Bordeaux, Enitab, École nationale supérieure de chimie et de physique de Bordeaux, ENSCPB, École nationale supérieure d'électronique, informatique et radiocommunications de Bordeaux, Enseirb) et l'Institut d'études politiques de Bordeaux (IEP) se sont regroupés au sein d'un Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), en même temps que huit autres villes universitaires françaises. L'objectif de ce regroupement encouragé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche : rendre le site bordelais plus lisible, plus compétitif et plus attractif, mutualiser les moyens et favoriser des coopérations de plus grande envergure au niveau international. La politique documentaire de ce PRES nommé « université de Bordeaux » est portée par le Département de documentation du PRES.
Christine Girard, qui dirige ce département, a bien voulu nous en dévoiler les nouvelles missions et les enjeux.
Meriem Lacour. Le Sicod (Service interétablissements de coopération documentaire), qui a précédé le Département de documentation, avait déjà des missions de coopération documentaire entre les quatre universités de Bordeaux. Qu'est-ce que le PRES apporte de nouveau en matière de coopération ?
Christine Girard. Le Sicod, créé dans les années 1995-96, devait fédérer les moyens et les objectifs des quatre Services communs de la documentation (SCD) des universités bordelaises, et développer des politiques de coopération dans les domaines de l'informatique documentaire, des catalogues et le patrimoine. Une de ses réalisations les plus importantes a été la constitution d'une base de données documentaire commune, du nom de Babord, qui référence aujourd'hui environ 900 000 documents conservés dans les universités de Bordeaux. Ce catalogue unique, accessible en ligne, est l'un des plus importants en France.
Le Sicod a été également chargé de la gestion d'une bibliothèque universitaire pluridisciplinaire en centre-ville1 largement ouverte et très prisée de nos étudiants.
Enfin, le Sicod a eu en charge le Centre régional du Sudoc P-S qui est responsable de l'organisation et du signalement des publications en série2 dans le réseau national du Sudoc P-S. Cette mission un peu spécifique sort du cadre des universités bordelaises et concerne toute la région Aquitaine. À ce jour, 139 établissements documentaires publics ou privés participent à ce catalogue régional : bibliothèques universitaires, municipales, de laboratoires, de grandes écoles, de musées, d'associations, d'entreprises, d'hôpitaux, des services d'archives…
Le Département de documentation de l'université de Bordeaux s'appuie sur ces réalisations antérieures, mais avec une ambition plus forte, de nouveaux enjeux et des modalités de travail nouvelles.
Pour commencer, le périmètre est élargi à d'autres établissements (écoles d'ingénieurs et IEP de Bordeaux) et progressivement nous serons amenés à prendre en compte dans nos programmes d'action tous les établissements qui seront associés au projet de l'université de Bordeaux.
L'informatique documentaire reste un enjeu majeur et le cœur de notre mission, avec un projet de mise en place d'un système d'information documentaire global qui permettra notamment de gérer et de donner accès aux ressources numériques qui représentent aujourd'hui une dimension fondamentale de ce que doit offrir une bibliothèque universitaire à ses utilisateurs.
Le deuxième axe sur lequel la mission du Département de documentation va se développer de manière significative, c'est la conservation et l'accès au patrimoine scientifique des universités, par le biais de projets de numérisation.
En ce qui concerne la bibliothèque pluridisciplinaire, un projet de rénovation et d'extension est actuellement à l'étude, son installation dans de nouveaux locaux est même envisagée.
Enfin, une toute nouvelle mission nous est attribuée. Elle touche la politique d'acquisition de ressources électroniques de l'université.
Il faut savoir que les publications scientifiques aujourd'hui sont presque toutes sous forme électronique. Certaines sont propres à un domaine très spécifique d'études mais d'autres concernent une communauté universitaire plus large, voire l'ensemble des universitaires. Il y a là une voie pour une mise en commun des moyens et des ressources.

M.L. Les publications sous forme électronique se sont généralisées, ce phénomène est peut-être encore plus prégnant dans le monde universitaire. Est-ce que vous avez déjà engagé des pistes de réflexion en matière de conservation de ces ressources ?
C.G. La conservation des ressources électroniques et numériques est un des enjeux majeurs de notre profession aujourd'hui.
Nous n'avons pas en la matière de solution miracle à Bordeaux. Nous en sommes au même stade de réflexion que la plupart des établissements documentaires. Nous allons nous appuyer sur des dispositifs de conservation qui existent au niveau national.
Il n'existe pas aujourd'hui de dispositif local mais c'est un grand chantier à mener.
Il n'est pas exclu à terme de réfléchir à des articulations entre des politiques locales et des politiques nationales.

M.L. Depuis 1994, l'Arpel et le Sicod se sont associés pour développer un plan de conservation partagée des périodiques en Aquitaine (PCAq) amenant ainsi les bibliothèques universitaires et le réseau des bibliothèques de lecture publique à formaliser un axe de coopération concrète. Comment va se situer ce plan au sein du Département de documentation ?
C.G. Cette initiative, prise très tôt dans notre région, est devenue un projet de référence pour d'autres plans en France. Dès le départ, le plan s'est appuyé sur le catalogue géré par le Sicod qui a servi de base à son élaboration. Il reste exemplaire par la façon dont il associe les bibliothèques universitaires et les bibliothèques territoriales et répond ainsi aux besoins des uns et des autres.
En outre, il est clair que cette réalisation s'inscrit dans une logique de coopération entre l'université et les collectivités territoriales appelées à se développer au sein du PRES université de Bordeaux, notamment dans le cadre de l'opération Campus pour laquelle le site bordelais vient d'être retenu.
En matière de documentation, beaucoup de pistes sont à ouvrir sur les coopérations à mener, relier la base de données Babord référençant les publications des universités à celle de la bibliothèque municipale de Bordeaux, développer un portail commun pour les bibliothèques de CUB, réfléchir à des politiques d'acquisition et de conservation concertées, voire envisager un centre de conservation régional, etc.
L'Arpel et le département de documentation vont poursuivre et renforcer leur travail commun sur ces questions.

M.L. Depuis la création du plan de conservation partagée en Aquitaine, les enjeux régionaux et nationaux de ce type de coopération ont-ils changé ?
C.G. Ce qui n'a pas changé, c'est le postulat de départ : Tout le monde n'a pas besoin de tout conserver, mais en revanche, tout le monde doit pouvoir donner accès à ses usagers à des documents ou à de l'information.
Ce qui a changé, c'est le choix des titres : nous sommes partis de quotidiens d'informations générales, puis nous avons introduit des titres de revues hebdomadaires ou mensuelles plus thématiques. Aujourd'hui, l'édition électronique et les bibliothèques numériques en ligne remettent un certain nombre de nos choix en cause.
Juridiquement, l'édition électronique pose de nouvelles problématiques à résoudre collectivement pour les établissements.
Ne faut-il pas pour être efficace recentrer ce plan sur des publications régionales locales que seuls nos établissements conservent ? Et dans ce cadre-là, ne faut-il pas engager une politique de numérisation de ces publications pour, non seulement donner aux usagers un accès plus grand à ces collections, mais également pour positionner ce plan de conservation au niveau national ? Le Département de documentation du PRES et l'Arpel travaillent ensemble activement sur toutes ces questions.

1. 25, cours d'Alsace et Lorraine, Bordeaux.
2. Publications en série : journaux, revues, magazines, périodiques ou en série, actes de colloque, actes de sociétés savantes.



Ressources

PRES université de Bordeaux : http://www.univ-bordeaux.fr/
Département documentation du Pres : http://www.sicod.u-bordeaux.fr/
Base documentaire des universités de Bordeaux Babord : http://babord.u-bordeaux.fr/
Catalogue national des périodiques : http://www.sudoc.abes.fr/
Plan aquitain de conservation partagée des périodiques : http://sicod-si.bu.u-bordeaux.fr/pcaq/
Plan aquitain de conservation partagée des périodiques sur le site de l’Arpel : http://arpel.aquitaine.fr/spip.php ?rubrique110
Documents numérisés des fonds anciens des bibliothèques universitaires : http://www.docnum.univ-bordeaux.fr/

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